samedi 20 juin 2009

les représentations sont finies . Je pense que nous nous en sommes bien tirés. Les difficultés étaient nombreuses. Pas assez de temps pour tous, le texte qui n'est pas complètement stable, la difficulté technique, un jeu d'acteur qui n'est pas assez précis, une mise en scène qui n'a pas eu le temps d'être dans le détail. Je suis à la fois satisfait d'avoir ramené le bateau au port sans trop de casse mais totalement insatisfait du résultat. L'avantage d'avoir réalisé ce travail est qu'il nous a fait voir les manques pour la prochaine étape. Il y a beaucoup de choses à modifier. Je reste persuadé  que seul la représentation nous amène un retour véritable sur notre travail. 

Je sais que pour la prochaine création , il n'y aura plus de répétitions à court terme. Je pense qu'il faut changer mon mode de travail . Je vais étalonner le travail sur un an. Des rendez-vous régulier une fois par semaine qui seront plus de l'ordre de l'étude que de la répétition. Il faut du temps au temps . L'intermittence met trop de pression sur les acteurs culturels , je pense qu'au fond , cela change le rapport à la scène. Les gens qui se débattent avec l'intermittence sont pris à la gorge, il n'ont plus de temps, il faut renouveler pour survivre et c'est normal. Mais je sens bien du coup que le rapport à la scène est transformé, cela je l' ai senti quand j'étais intermittent et je l'ai vu dans plein de spectacle. Je pense qu'il faut être  fort et tranquille pour ne pas être changé par le système économique ce qui n'est le cas que de peu de personne. 
Au fond, je ne me retrouve pas dans cette situation et ce n'est pas la première fois que je le sens. A chaque fois  le piège se referme et au bout du compte je ne suis pas satisfait et personne ne l'est. 
Il faut donc rompre ce cercle , ne pas se laisser tenter par ce qui ne viendra jamais  et surtout reconstruire ma pratique . Repenser les rapports de la scène et de la création. Recentrer le travail sur l'acteur et sur toutes les techniques qu'il peut mettre en place pour jouer. Je sais depuis cette année parce que je l'ai testé en dehors de cette création , comment je vais poursuivre mon travail. Je sais que cela va me demander de passer par d'autres chemins que je commence à baliser. J'entrevois aussi comment le metteur en scène doit abandonner sa position de pouvoir, comment l'acteur doit s'emparer de son travail de manière plus consciente, comment il doit maîtriser sa technique vocale et corporelle. Le théâtre doit devenir un art aussi précis que la musique ou que la danse. Pour arriver à cette précision, il faut du temps de la pratique et une remise en question permanente. Le chemin ne fait que commencer...

 











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LES AUTEURS DE CE PREMIER VOYAGE

 
L'auteur: Alexandre Koutchevsly
Le compositeur: Bastien Boni
Le metteur en scène: Gilles Le Moher
Le skipper: Robert Exertier




une journée ordinaire

LE TEMPS DE LA CRÉATION


LE TEMPS  DE LA CREATION

 

 Être sur le bateau, c’est interroger la vie mais une vie particulière.

Une vie où l’on peut rêver de terre, rêver d’êtres humains. C’est un lieu où se pose la question de l’existence, on est seul avec ses coéquipiers, on est sans intimité, on est proche, et pourtant jamais la solitude n’est aussi  grande. Une solitude constructive, c’est en s’éloignant que l’on peut réfléchir, mettre la pensée en route.

Traverser, un mouvement qui va d’un point à un autre, certitude du point de départ, certitude du point d’arrivée. Il reste au centre de deux points, une aventure à écrire.Une aventure géographique, une aventure humaine.

Nous sommes sans cesse dans la traversée de quelque chose,d’une aventure à une autre, d’un lieu à un autre, on ne fait que cela :traverser. La vie est remplie de ce mouvement, d’un point à un autre, on coupe et recoupe des lignes droites, des rues, des segments, on passe des seuils pouraller vers d’autres seuils et d’autres traversées se posent face à nous.

Traverser, c’est  occuper  un lieudurant un certain temps, c’est occuper un espace pour quelques secondes,quelques heures, quelques jours …Un bout de mer, un bout de scène.

La Traversée est mouvante, elle n’est pas définie à l’avance, elle propose un terrain qui change, qui nous emmène ailleurs, qui nous oblige à  nous adapter, à changer  et peut-être à se détourner de nous-mêmes  durant quelques secondes ou plus.

Ce qui reste d’un voyage sont des fragments de lui-même.Le fragment est une réalité flottante, une réalité qui met en doute la réalité solide.

Faire pousser le théâtre en dehors de ces lieux habituels.

L’inventer où il n’est pas confortable à inventer.

C’est dans l’atypique, dans l’aventure que l’on pourra levoir pousser, émerger de façon autre.

La mer  n’est pas un endroit pratique, ni facile pour le théâtre mais c’est un élément puissant qui peut le déplacer et le réinterroger. Le déplacement peut être infime… mais nous passons les frontières.

Nous questionnons les modes de création du théâtre. Une scène de théâtre, un espace clos qui est à l’opposé de l’horizon de la mer.

 

 


Départ de l'île d'Elbes, direction Giglio une petite île

La baie de Naples, le Vésuve et notre bateau

Capri ,le côté sans touristes